Article DNA 31 oct. 2010 (L'espla, années 70 jeux de résonances)
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Dernières Nouvelles D'alsace, Dimanche 31 Octobre 2010.
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Strasbourg
/ Visite
L'Espla,
années 70 jeux de résonances
Les danseurs d'Improvise en corps.
C'est une visite guidée d'un genre inédit : L'Espla, années 70, traverse le campus universitaire et convoque la mémoire du quartier, entre théâtre, danse, chants et dessin.
Voilà
une belle idée qu'ont eue Véronique Ejnès, de
l'association La Ville est un théâtre, et la sociologue
Florence Rudolf, enseignante à l'INSA, à l'occasion des
Journées de l'architecture : établir des
résonances entre un lieu et différentes formes
artistiques, avec pour matrice des textes issus d'ateliers ou
d'appels à écriture.
Une rupture urbanistique
Avec
ces textes, fictions, souvenirs ou témoignages, mis en jeu par
des comédiens au fil d'une déambulation théâtrale,
on se glisse dans le dédale du campus universitaire, en
regardant du coup d'un autre oeil son architecture, entre béton
et bitume, avec des formes qui ont témoigné en leur
temps d'une rupture urbanistique dans le paysage strasbourgeois, à
l'image de la Tour de chimie, telle « un briquet
complexe », « une flèche singulière »
dominant la ville.
Le temps de ce parcours, toute une
histoire de la ville se contemple, des souvenirs s'énoncent,
une modernité agitée resurgit, l'enthousiasme sincère
d'hier, les aspirations à la liberté. Des slogans de
Mai 68 résonnent, dans cette mémoire retrouvée
des lieux : on crie avec un porte-voix de fortune, « sous
les pavés la plage », « révolution » ,
ou « anarchie », « l'imagination au
pouvoir ». Les comédiens portent la parole de
quelques activismes de jeunesse : « Je me souviens
des vieux profs apeurés qui voyaient s'écrouler leur
monde de mandarins ». « Cours camarade, le
vieux monde est derrière toi » : l'appel tout
aussi bien pourrait se dire aujourd'hui, avec la même urgence.
Danse,
dessin
et
chants
De l'Institut de botanique à l'INSA, avec haltes chemin faisant à la Tour de chimie, aux facultés de droit, de mathématiques, au Patio, à l'église du Christ ressuscité, la visite se met dans les pas des jeunes danseurs d'Improvise en corps. Sabine Lemler en signe la mise en espace. Laurent Kohler, dont on connaît le beau travail de croquis, à Strasbourg et d'autres villes du monde, dessine en gestes rapides, traits sûrs, ce mouvement, ces espaces, ces lieux. La chorale universitaire La Cohue, dirigée par Annick Debizet, fait voyager les voix entre répertoire et pièces contemporaines, dans d'amples échos sonores à l'architecture ; beaux jeux de résonances.
N.C.