Sentir

Au commencement…

Je suis immobile,

et je m’accroche à cette consigne volubile.

Je me demande encore sous quelles formes elle va vivre.

Mes oreilles se tendent et la musique se fait entendre.

Son rythme m’envahit quelques instants sans répit.

Mais la consigne refait surface,

comme par peur d’être oubliée dans un coin de l’espace.

Une partie de mon corps semble plus impatiente encore.

Face aux autres, je la laisse s’émouvoir en harmonie et dans l’espoir.

Elle entraîne avec elle d’autres membres qui, doucement, s’élancent ensemble.

Mon corps, tout entier, dans le son et la consigne existe,

mais pourtant je me sens seule et l’air que je déplace

autour de moi semble frais, vierge et tenace,

pas une âme ne l’aurait encore humé ni fréquenté.

Cette fraîcheur m’envahit, et presque me glace,

mais je résiste…

…Rencontres

… Un besoin se fait sentir : celui de rencontrer

un brin de chaleur pour me réchauffer.

Après nombre de déplacements

dans ce lieu pourtant humble et charmant,

je cherche quelques regards furtifs

qui peut-être m’ouvriront leurs portes pour des contacts évolutifs.

Je vois des corps, des hommes, des femmes,

des êtres habités qui s’enflamment ;

chacun dans son humanité exprime

la mélodie ou la consigne.

Certains semblent à l’abri dans une sphère,

sans doute éphémère,

d’autres, déjà servis en échanges d’énergies.

Je me rapproche, je contourne, j’inspire profondément.

L’air est plus chaud assurément.

Ma main effleure quelque chose.

Un morceau de tissu, de peau peut-être s’impose.

Douceur et chaleur nourrissent ma main qui se pose.

Puis un mouvement nous sépare, je dispose.

Je décide alors d’évoluer sans fin.

Je renonçais à ce partage tant désiré

lorsqu’une chaleur pénètre mes reins

telle une combustion instantanée.

Je n’en connais pas l’origine, mais elle me fait du bien.

C’est avec grande joie que je l’accueille à dessein.

Valérie HALTER, 15/03/08